Le Livre des Baltimore

Comme promis, quelques mots sur les ouvrages de Joël Dicker! Je commencerai par le troisième. Ce roman est attachant de par ses personnages, et l'intrigue nous tient même si elle n'est pas le cœur du livre. Car derrière l'intrigue, joliment écrite, se cache une leçon de vie qui nous frappe en pleine figure entre les lignes, et que l'on comprend seulement dans le dernier quart de l'ouvrage. Cette histoire est construite autour du thème de la famille, l'auteur nous racontant une belle histoire d'amour fraternel constitutive de l'enfance puis des différentes étapes de la construction de l'identité  du personnage principal du livre.  Or cette toile de fond permet à l'auteur de nous passer un message clé: méfiez vous toujours de votre perception de la réalité qui vous entoure! Tous autant que nous sommes, nous oublions bien vite que la réalité que nous vivons n'est pas la même que celle des êtres qui nous entourent. Nous croyons partager une seule et même réalité, or notre vie entière et notre propre réalité sont faites de ressentis, d'impressions, que nous tenons pour des vérités et dont le croisement peut mener aux plus grands malentendus. Si toutes les familles ont leurs problèmes, si toutes les familles sont "compliquées ", c'est peut être parce que ceux qui les composent coexistent en pensant vivre une réalité commune et évidente... Alors qu'il existe finalement en leur sein autant de réalités vécues que d'individus ! Mais nous mettons des années à nous rendre compte de ce que l'auteur distille à travers les 475 pages de ce roman, qui nous fait prendre conscience "l'air de rien" du fait que nous sommes le plus souvent à la genèse des "drames" de nos vies! En tant qu'êtres jaloux ayant besoin d'être aimés,  nous sommes capables de nous rendre malheureux ... Totalement inutilement... 

"Nous étions devenus des hommes. La photo de nous trois n'était pas telle que je l'avais imaginée dix ans plus tôt. Ils n'étaient pas devenus les êtres tout en superlatifs que j'avais rêvés. [...] Ils n'étaient pas devenus aussi extraordinaires que je l'aurais souhaité. Mais ils étaient mes cousins et je les aimais plus que tout. [...] J'en vins à me demander si, enfant, c'était moi qui avais rêvé à leur place. Si au fond, je ne les avais pas perçus différemment de ce qu'ils étaient réellement. Avaient ils été ces êtres hors du commun que j'avais tant admirés. Et si tout ceci n'avait été qu'une création de mon esprit? Et si, depuis toujours, j'étais moi-même mon propre Baltimore? "