De l'enfermement - suite

L’Homme est faible. La liberté lui fait peur. La voir, l’atteindre, penser à l’atteindre représente finalement, la plupart du temps, une angoisse. Un risque trop lourd à assumer. Alors l’Homme renonce. Il choisit de rester enfermé. En sécurité.

 

Parce qu’il est un être pensant il sait, parfois inconsciemment, qu’il est enfermé, et préfère le rester. L’intelligence le conduit donc à essayer d’oublier son emprisonnement, en se divertissant. En se détournant de sa situation. De sa condition. Parce qu’il ne veut pas être malheureux. Parce qu’il ne veut pas choisir d'être enfermé.

 

Jusqu’au moment où il se rend compte – lorsqu’il s’en rend compte - qu’il a créé un leurre. Qu’il EST malheureux. Ou qu’il n’est pas heureux.

 

Rares sont ceux qui s’échappent, même par la pensée. Pourtant et depuis toujours, certains d'entre nous comprennent et essaient de partager leur désarroi. Ainsi le seizième siècle et le dix-septième siècle ont eu Montaigne et Pascal...

 

«  Pascal se range dans le camp des sceptiques, comme Montaigne. Mais aussitôt apparaît une différence fondamentale entre Montaigne et Pascal : Montaigne doute en souriant, Pascal doute en souffrant.

 

Montaigne ne dépasse pas le niveau de l'infirmité humaine. Il trouve l'homme misérable et petit, et il s'en amuse. Pascal trouve l'homme misérable et sublime, et ce contraste cruel le déchire. Il montre pourtant le chemin pour sortir de l'impasse. Puisque l'homme est à la fois si petit et si grand, au dédain qu'il inspire succède la pitié pour sa grandeur piétinée. »

 

Jean d'Ormesson – Une autre histoire de la littérature française

 

En écho à ce qui précède, notre vingt-et-unième siècle chante les textes de Raphaël et Benjamin Biolay...

 

Le premier doute en souriant, le second doute en souffrant.

Quatre siècles plus tard, nous continuons à plier sous le vent. Et sous le poids de notre conscience.