Retourner à la Mer - fin

... On dirait ici que l'auteur a baissé les bras et invite l'ensemble du genre humain à le suivre dans la piscine; à se laisser couler tout au fond sans jamais essayer de tapper du pied pour remonter... juste parce que la cause est perdue d'avance...

C'est beau, le livre est beau, mais quelle tristesse... pour ma part cette beauté là je n'en veux pas, du moins pas de façon définitive et fataliste mais seulement de façon transitoire. C'est très subjectif, je comprends que nombreux soient ceux qui puissent penser différemment. Mais que faisons nous sur Terre si c'est pour penser et vivre de cette façon... autant aller chercher une corde. Et dans ce cas, effectivement nous serions bien misérables et bien "petits", nous, les vivants, en comparaison de ceux qui n'ont pas eu la chance d'être encore parmi nous.

Voilà, un peu dans le désordre j'en conviens, ce qui me passait par la tête en lisant ces nouvelles.

J'adore le chanteur, j'aime beaucoup la personnalité de l'homme, j'attends avec impatience le prochain album, mais je crois que malheureusement, ces dix dernières années ne l'ont pas aidé à trouver le sourire. A 43 ans, il semble résigné à se morfondre de la bassesse humaine et c'est bien dommage.

Ce qui m'a le plus frappée est qu'il ait dédié l'ouvrage à ses parents. Je me suis demandée comment mes parents auraient vécu cela, si j'avais fait la même chose? Quelque part, cela m'a perturbée. Et d'un autre côté, j'ai eu beaucoup de peine en achevant l'ouvrage. Je me suis dit que peut-être j'étais trop dure. Que peut-être que l'auteur était tellement malheureux, et peut-être aussi sa famille, que je n'avais pas le droit de penser tout ça? Dans l'une des nouvelles par exemple, le personnage principal évoque la perte de son frère... enfant. J'ai espéré de tout mon coeur que le texte était romancé. Et puis en achevant l'ouvrage, je me suis sentie en colère: nous avons tous nos drames, nos peines, nos phases de dépression, nos tranches de vie détestables... mais nous n'avons pas le droit de semer la dépression autour de nous de cette façon, en incitant les autres à abdiquer.

Il y a dans ce monde tellement de beauté, tellement de jolies choses et de jolies personnes, tellement d'espoir, qu'il faut a minima résister, s'accrocher au positif même quand tout va mal, pour tenir justement et ne pas sombrer. Ou bien au moins rester seul avec son renoncement, au lieu d'inviter notre entourage à sombrer avec nous. Ou bien... et surtout... demander/accepter de l'aide. S'appuyer sur ceux qui nous donnent de l'énergie. Qui sont heureux de nous la donner. Mieux vaut leur tenir la main et se sentir vivant à leurs côtés, que de sombrer et renoncer: merde!!

Je n'ai peut-être rien compris à ce livre, mais j'ai été tellement surprise d'une telle noirceur que je suis allée télécharger et écouter les interviews que l'auteur avait pu donner sur son livre. Il explique qu'il parle un peu de lui même. Que le fil rouge entre ces textes est... lui même. Et plus encore que lui même, une forme de "peur" qu'il formalise. (j'aurais plutôt envie de dire qu'il l'"exorcise").

J'ai aussi observé la gestuelle et la posture de Raphaël pendant l'interview. Il ne fait pas son âge. Il m'apparaît plutôt comme un enfant écorché et meurtri, qui hésite entre le fait de ne pas réussir à vieillir... et le fait d'avoir vieilli trop vite. Abîmé par la vie, c'est un fait.  Mais en l'écoutant répondre à la journaliste que je me suis demandée s'il avait pensé à son fils en écrivant. Il dédie l'ouvrage à ses parents, mais que fait il de son enfant? Quel message transmet-on à son enfant lorsque l'on publie un tel recueil? Je n'ai pas la réponse. Je ne juge pas. Mais je suis sûre d'une chose: que j'aille bien ou mal en ce moment ou à l'avenir, jamais je ne ferai lire ou ne véhiculerai ce type de messages à mes enfants ni à ceux que j'aime. Je leur souhaite de vivre, de penser, et de ressentir bien mieux que moi: c'est possible, c'est souhaitable, ça s'appelle le progrès et l'espoir, et ce sont des composantes de la grandeur humaine (il en faut bien pour faire face à notre "bassesse";)

 Alors Raphaël... continuez à chanter, à vous moquer du monde comme vous le faites si bien... mais n'écrivez plus de façon aussi pessimiste. Je continuerai à acheter vos albums, mais pas vos livres.

Commentaires

24.08.2017 21:24

Pilippe

Bravo. C'est dit!