Des regrets - suite
" Son esprit était en surchauffe.
C'est bizarre la vie…pour savoir que l’on est malheureux, il faut avoir été heureux, ou inversement…A partir de quand, de quoi, peut-on dire que l'on est heureux, ou bien au contraire s'estimer malheureux ? Certains supportent mieux le malheur que d'autres…certains voient le bonheur partout…tout cela est tellement subjectif et personnel !
Je ne suis pas malheureux, mais je ne suis pas heureux. Je suis incapable de l'exprimer, de l’expliquer, par contre je sais que je n'arrive pas à être l'homme que je voudrais, le père que je voudrais…et je ne dois m'en prendre qu'à moi… Personne ne m'en empêche ; et en même temps personne ne m'y pousse ou ne me le demande. On se contente de ce que je suis : juste un mari, et un père.....banal. Je vaux mieux que cela je le sais, mais je n'y arrive pas. Quand j’ose me libérer, que ce soit au travail ou à la maison, on me regarde comme un animal de cirque…je leur ferais presque un peu honte, finalement. Alors je me restreins ; je fais attention ; je ne suis plus moi.
En quarante-cinq ans, peu de personnes m'ont poussé à être un homme différent. A me surpasser.
Do…avec elle j'ai été très heureux et très malheureux, comblé, aimé, cajolé, important, obligé de me surpasser…de me battre pour être à son niveau, digne d'elle, fier de moi…et même si je n’ai pas réussi à être comme il fallait, à être ce qu’elle attendait, j’ai au moins existé…
Cette sensation je ne l'ai plus : je n’ai plus besoin de prouver, d'inventer, de charmer, de plaire, de me mettre en danger ; si j'essaie, je passe pour un fou, ou on se moque gentiment de moi ; si je suis trop tendre… Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vivre comme s’ils étaient déjà à moitié éteints, merde !!??
Je n’en peux plus de ce quotidien. J’ai beau être un homme, j’aime la tendresse, les câlins…pour moi, mais aussi pour l’autre…Pour la rendre heureuse.
Aujourd’hui encore je pourrais foncer, mais où irais-je ? Pourquoi ? Pour qui ? J’enfoncerais une porte pour me rendre compte que rien ni personne ne m’attend derrière…alors la seule chose qu’il me reste à faire est peut-être de refermer la porte de mes envies et de mes rêves. De rester avec ma vie tranquille et banale, d’être un homme tranquille et banal, un mari et un père tranquille et banal : pas malheureux, mais pas heureux.
…Continuer à avancer tout doucement, continuer à essayer d’améliorer ce quotidien, de dire les choses, de proposer, de donner de l’envie…
…Et attendre qu’un jour, le déclic arrive. Que la bonne personne apparaisse. Que quelqu’un me dise « c’est toi que je veux, c’est toi que j’adore, c’est toi que j’aime », et que j’ose lui dire la même chose. Mais j’ai déjà quarante-cinq ans et quelques années d’inertie derrière moi…"
Ilnèpa2azar
Est-ce que nous ne sommes pas condamnés à vivre avec des regrets parce que la vie c'est faire des choix et donc regretter ceux qu'on ne fait pas ? Ce midi au menu dorade ou tournedos ?
Le basco-béarnais
Tellement vrai merci