1er extrait:
"Il est mort, n'est-ce pas? dit le pére brutalement.
- Oui
Le pére s'en était douté dès leur arrivée. Ou peut-être depuis toujours. Et les deux pères se dévisagèrent. Leur fils était mort.
[...]
Et Stanislas raconta tout. [...] Il raconta les moments difficiles mais emprunts de courage. Il raconta les 3 années passées ensemble.
- Et il y avait aussi Laura, sa fiancée ? demanda soudain le père.
Stanislas s'arrêta net dans son récit.
- Comment connaissez-vous Laura?
- Paule-Emile m'en a parlé.
[... ]
Stanislas se laissa tomber en arrière, contre le dossier de sa chaise. Qu'avait fait PAL? Il était venu retrouver son père? Il était venu à Paris pour retrouver son père? Il avait compromis la sécurité de ses camarades pour revoir son père?
[...]
Stanislas avait envie de s'écrouler de désespoir: celui qu'il avait considéré comme son fils avait trahi; même son PAL n'avait pas été un Homme. Il en tremblait. PAL était revenu à Paris pour voir son père. L'Abwehr l'attendait sûrement; il avait dû être suivi, et il avait entraîné Faron dans sa chute.
[...]
Stanislas regarda le pére qui sanglotait. Mais il ne lui faisait pas de peine. Son fils était venu le chercher, au moment le plus critique de la guerre, et le père avait voulu dire au revoir à ses meubles. Au fond de lui, Stanislas espérait que PAL avait été arrêté ce jour-là. Il espérait que ce n'avait pas été le lendemain, lorsqu'il était revenu vers son pére pour le convaincre encore de partir. Cela aurait signifié que PAL n'était pas capable de se révolter contre son père. L'indispensable révolte des fils face à leur père. Sans doute PAL avait il eu peur des derniers jours fatidiques: les derniers jours de son père. Mais les derniers jours de nos pères ne devaient pas être des jours de tristesse; ils étaient des jours d'avenir et de perpétuation. Car, au dernier jour de son pére, PAL était en train de devenir père lui-même. "
2nd extrait:
"Papa, est-ce qu'un jour il y aura la guerre de nouveau?
- Sûrement.
- Mais alors, qu'est-ce que je devrai faire?
- Ce que ton cœur te dira.
- Et que t'a dit ton cœur pendant la guerre?
- D'être courageux. Le courage, ce n'est pas de ne pas avoir peur: c'est d'avoir peur et de résister quand même.
- Mais, vous tous, qu'avez-vous fait pendant ces années ? Ces années dont on ne doit plus parler...[...] Tu ne me le diras jamais, hein? soupira l'enfant.
- Jamais.
- Peut-être que quelqu'un l'écrira dans un livre. Alors je saurai.
- Non.
- Pourquoi? J'aime les livres!
- Ceux qui y étaient n'écriront pas...
- Et les autres?
- Les autres non plus. On ne peut pas écrire ce que l'on n'a pas vécu.
[...]
Il aurait voulu parler encore, lui dire combien il l'aimait, mais il resta silencieux. Ce n'était plus le temps des mots. "
Derniers commentaires
J. D'ORMESSON n'est plus! Nous qui avons suivi Audrey au long de cette année ainsi qu' à travers son livre nous devinons son émotion mais lui souhaitons la même ferveur inépuisable d écrire! Réagisse
Le plaisir à te lire est nourricier comme la rosée apporte la fraicheur à une fleur qui a soif.
Que tu sois faite pour écrire est un fait que tu doives continuer une évidence
C'est peut-être différent selon les "uns et les autres"
Avec "Michel Polnareff "