Les principes très stricts auxquels Zola a soumis le roman expérimental créent des limites...ne serait ce que sur le choix de la matière romanesque.

Car la nécessité de l'expérimentation fait de chaque personnage un cas pathologique, et de chaque situation une application de réactions physiologiques. Or ces cas pathologiques situent nécessairement l'action romanesque dans un contexte de corruption morale.

Zola et les Goncourt ont choqué le public, et leurs romans ont pu se voir reprocher la sécheresse scientifique d'un compte-rendu objectif... Car il faut reconnaître que le lecteur doit quand-même s'accrocher pour lire l'intégralité d'un roman de Zola (avis purement subjectif je dois le reconnaître... ce n'est pas pour rien que j'ai commencé par vous parler des auteurs lyriques et romantiques il y a quelques semaines déjà :)

Mais l'écueil le plus sérieux auquel se heurtent les théories naturalistes est celui du raisonnement scientifique appliqué à un domaine qui ne l'est pas: il est difficile de considérer que des êtres humains réagiront exactement de la même façon, et selon des lois strictes, à des situations données...

Et enfin, il faut souligner que la personnalité du romancier est un rempart inné à l'objectivité! Zola par exemple se laisse aller, par son enthousiasme, à un lyrisme visionnaire incompatible avec la rigueur scientifique. Sa propre sensibilité le pousse à laisser transparaître une pitié réelle pour les malheureux qu'il met en scène, une compassion pour les défavorisés dont il fait ses héros.

Faire de la littérature une exacte reproduction de la nature semble donc être une entreprise partiellement vouée à l'échec... et heureusement !