Comme promis... de retour !

Pour cette nouvelle semaine, je vais vous proposer quelques extraits choisis d'un livre, mais pas n'importe lequel... le mien! :)

 

La deuxième partie de mon roman est contruite autour de "pensées" plus ou moins philosophiques, en référence notamment à B. Pascal que je citais il y a quelques jours dans l'une de mes dernières publications (cf. citations de la semaine dernière).

 

Alors voici une petite pensée par jour, avec un peu de chance cela me fera un peu de pub ;)

DU SENTIMENT AMOUREUX

Stendhal

"…Ce sentiment ineffable et non maîtrisable. Ce sentiment doux et fort à la fois, qui prend tellement de temps à notre vie et nous manque tant le reste du temps...

 Personne n’est plus heureux que lorsqu’il est amoureux et peut s’accorder de rêver sa passion amoureuse…il est si délicieux de regarder l’autre, comme le dit bien Stendhal, sous le prisme de la perfection : « Ce que j'appelle cristallisation, c'est l'opération de l'esprit, qui tire de tout ce qui se présente la découverte que l'objet aimé a de nouvelles perfections ». De l'amour (1822).

 

En un mot, il suffit de penser à une perfection pour la voir en celui que l’on aime...

L’amour selon Stendhal est un produit imaginaire, une illusion en attente de désillusion. Il ne s’agit pas de se tromper ou de faire des erreurs au cours de la relation : l’erreur est constitutive de la naissance voire de l’essence du sentiment amoureux puisque l’amoureux « projette » sur l’objet aimé non les qualités qu’il présente mais des qualités que lui-même aime.

 

Jusqu’au moment où l’on commence à s’habituer à son bonheur et à se demander s’il est bien réel et durable : c’est alors que nous revenons de nos surprises, de notre étonnement, et que le doute nous pousse à chercher des signes pour nous convaincre que nous sommes bien heureux et que ce bonheur va durer voire s’amplifier…nous voulons une assurance au bonheur…

 

Je dirais même de nos jours que nous voulons tout en même temps, sans nous laisser le temps de respecter les étapes et de vivre la crainte qui demeure indissociable de chacune d’elles. Qui dit modernité dit amour de l’instant.

 

Amour de l’instantané.

 

On s’aime très fort, très vite, ou pas du tout. On se donne, rarement à l’autre mais le plus souvent à ce que l’on ressent, quels que soient les obstacles…ou on se préserve en fermant la porte. Puis on se sépare. Et on recommence.

 

Car l’homme moderne veut tout et tout de suite. La société de consommation qui l’anime le pousse à consommer jusqu’à ses propres sentiments et à faire de l’autre un jouet à la mode que l’on va laisser de côté dès les premières égratignures pour un gadget plus tendance, autrement dit plus valorisant ou plus rassurant… ou quoi qu’il en soit plus en phase avec son ego du moment.

 

 Cristallisation – dé cristallisation instantanées

 

Nous ne voulons pas attendre.

 

Nous ne voulons pas souffrir.

 

Nous ne voulons pas nous ennuyer.

 

Nous cherchons l’exaltation durable, la cristallisation permanente… mais nous n’en assumons pas les risques. Nous n’assumons pas de nous réveiller et de mûrir aux côtés de l’autre. Nous ne savons plus affronter les difficultés, les épreuves, nous ne voulons plus les voir. Alors nous préférons changer de jouet et nous tourner vers une nouvelle cristallisation.

 

Mais, allez-vous me dire, nous ne sommes pas tous ainsi, toutes les relations amoureuses ne sont pas vouées à l’échec amoureux ou à la vanité de nos êtres.

 

 Bien sûr que non.

 

Nous connaissons tous d’irréductibles têtes brûlées luttant pour résister à cette mode de l’éphémère en préservant leur idéalisme…et pourtant l’amour est aussi déchirant. Il ne suffit pas d’aimer pour que cela fonctionne. Combien d’entre nous se perdent dans une relation qu’ils croient être toute leur vie… ?"