G. Musso - suite
Pourquoi dire que les ouvrages de cet auteur manquent d'âme ?
Tout simplement parce que quelque chose, à la lecture, ne me paraît pas naturel. Trop travaillé, trop structuré, construit à travers les propres lectures de l'auteur. Ses lectures, mais aussi sa culture cinématographique, musicale...
Nous en sommes tous là, me direz-vous, et tous les auteurs sont quelque part inspirés par d'autres lectures ou tout simplement par leur culture / leurs expériences / leur vie et celle des autres !
Mais G. Musso a cette façon si peu naturelle de faire transpirer ses références culturelles (là encore, il s'agit d'un point de vue strictement personnel et très subjectif... à relativiser donc !), que l'on devine assez grossièrement je trouve ce qui a été "pris" à d'autres, ou pioché dans d'autres sphères. Si l'on revient par exemple à La Fille de Brooklyn, pour rester sur l'ouvrage dont je vous parlais initialement: on voit tout de suite que l'auteur a regardé les séries américaines Scandal et House of Cards, et qu'elles l'ont inspiré. De façon peut-être moins évidente, je pense qu'il a lu Joël Dicker (dont je vous ai parlé également sur ce site, cf. parmi mes premières publications) et plus particulièrement L'Affaire Harry Quebert.
Le fait de se mettre en scène à travers le personnage du narrateur, en tant qu'écrivain, et de faire référence à l'écriture de cette façon... apparaît comme une émanation assez troublante l'ouvrage à succès de Joël Dicker.
La même analyse pourrait être faite avec d'autres ouvrages.
Dans Central Park par exemple, la façon dont est construite l'intrigue, mais aussi la psychologie du personnage principal et le rôle du médecin... m'ont tout de suite fait penser à Shutter Island (thriller psychologique américain de Martin Scorsese, film absolument GENIAL même si déconseillé aux âmes sensibles). Je ferais une exception pour ce roman, Central Park, que j'ai vraiment trouvé exceptionnel je dois le reconnaître. J'ai adoré, et j'ai même versé ma petite larme à la lecture des dernières pages.
Mais en dehors de cette exception, je reste sur l'idée que G. Musso, s'il s'inspire des autres, n'a pas encore trouvé sa propre plume. C'est un bosseur, sans doute très cultivé; mais il lui manque peut-être son propre univers, ou bien ce petit +, ce petit trait de génie ou ce petit grain de folie qu'il a trouvé chez les sources qui l'inspirent et dont il crée des dérivées. Un peu comme un élève, finalement, à qui l'on reprocherait d'être trop "scolaire" dans ses dissertations.
De la même façon, cette habitude que l'auteur a prise, de cumuler au fil des pages les références cinématographiques et musicales (très flagrant dans La Fille de Brooklyn), est parfois un peu pesante: il énumère, il "superpose" presque, et là encore cela manque de naturel, en dépit de l'intérêt des références citées.
En bref, à choisir: lisez surtout Central Park qui est absolument formidable; et pour les autres ouvrages... lisez les si vous aimez l'auteur, car après tout, quelles que soient les critiques que l'on puisse émettre, G. Musso n'est pas l' "auteur préféré des Français" pour rien: si tant de personnes le lisent, c'est que sa plume plaît, et moi la première, je me suis laissée séduire malgré ce que je peux en dire. Donc ... ça marche...
Je résumerais mon propos à travers ce petit point de vigilance: de même que l'on trouve une chanson "merveilleuse" et que l'on découvre ensuite qu’il s’agit d’une reprise… écoutez les titres originaux même si vous aimez les reprises ! Lisez Musso mais ne lisez pas QUE cela ; allez aussi découvrir autre chose, lisez d'autres auteurs, intéressez-vous à ceux qui sont moins connus mais qui ont ce petit + dont je vous parlais tout à l’heure.
Notre société est telle que nous aimons rester en surface ; on nous sert G. Musso sur un plateau, il est doué, il marche bien, on aime ses livres, ils sont faciles à lire… alors pourquoi aller chercher plus loin ?
Il a réussi et il plaît, tant mieux ; mais n’oubliez pas d’aller vous intéresser à autre chose, par vous-mêmes… vous verrez qu’il y a bien mieux. Il faut simplement faire l’effort de dépasser la facilité et d’aller chercher par soi-même.
Derniers commentaires
J. D'ORMESSON n'est plus! Nous qui avons suivi Audrey au long de cette année ainsi qu' à travers son livre nous devinons son émotion mais lui souhaitons la même ferveur inépuisable d écrire! Réagisse
Le plaisir à te lire est nourricier comme la rosée apporte la fraicheur à une fleur qui a soif.
Que tu sois faite pour écrire est un fait que tu doives continuer une évidence
C'est peut-être différent selon les "uns et les autres"
Avec "Michel Polnareff "