Jean de La Fontaine - ses Contes et ses Fables

Ses Fables constituent la principale œuvre poétique de la période classique, et l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature française. Le tour de force de La Fontaine est de donner par son travail une haute valeur à un genre qui jusque là n’avait aucune dignité littéraire et n'était réservé qu'aux exercices scolaires de rhétorique et de latin. 

Ces recueils de fables, écrites en vers, mettent  en scène des animaux anthropomorphes, chaque fable contenant une morale au début ou à la fin.

Trois recueils furent écrits entre 1668 et 1694, dans un but éducatif: le premier adressé au Dauphin, le deuxième à Madame de Montespan (la maîtresse du roi), le dernier au duc de Bourgogne (petit-fils du roi).

La Fontaine insiste sur ses intentions morales : « je me sers d’animaux pour instruire les hommes. »

Travail de réécriture des fables d’Ésope (par exemple La Cigale et la Fourmi), de Phèdre, Abstémius, de Pañchatantra (Pilpay), mais aussi de textes d’Horace, de Tite-Live (« les Membres et l’estomac »), de lettres apocryphes d’Hippocrate (« Démocrite et les Abdéritains »), et de bien d’autres encore, elles constituent une somme de la culture classique latine et grecque, et s’ouvrent même dans le second recueil à la tradition indienne.

Le fabuliste a finalement éclipsé le conteur. La crispation religieuse de la fin du règne de Louis XIV, et plus tard la pudibonderie du XIXe siècle, ont mis dans l’ombre ces contes dont le défi poétique consistait à jouer de l’implicite pour (ne pas) nommer la sexualité, à « dire sans dire », dans un jeu de dérobade et de provocation reposant sur la complicité du lecteur. La Fontaine a mené simultanément ces deux activités, jusqu’à joindre des contes à l’ultime recueil de fables de 1693.

En définitive, on peut dire que l’œuvre de La Fontaine offre la figure d’une sagesse désabusée : elle choisit la retraite méditative et, face à la violence forcenée du réel, le rire plutôt que les pleurs...