Les récits de Camus, au-delà de leur facette idéologique, font également une place non négligeable à la satire: satire de la justice et de la morale conventionnelle dans L'Etranger, satire de l'administration et de l'opinion publique dans La Peste... l'humour et la distance ironique marquent de nombreux récits. Il ne faut donc pas négliger la dimension comique de l'oeuvre d'A Camus. 

En réalité, Camus s'est illustré par la diversité de ses écritures: l'essai proche du récit dans Noces, le théâtre, le roman, la nouvelle, ... A l'intérieur même de l'oeuvre narrative, on constate une réelle variété des modes de récit. L'Etranger par exemple, est un récit écrit à la première personne, moyen de montrer un héros en quelque sorte étranger à lui-même. Dans La Peste , Rieux parle de lui-même à la troisième personne et marque une grande distance par rapport aux événements qui le touchent, adoptant le ton d'un simple chroniqueur. Dans La Chute enfin, le héros entretien tout au long du livre une immense conversation avec le lecteur.

Derrière l'écriture, l'expression des sentiments est toujours très discrète chez Camus, dont le souci d'authenticité sert une grande pudeur. Mais le lyrisme éclate dès qu'il s'agit de célébrer les simples joies goûtées au sien de la nature, dans la mer, sous le soleil... Il chante par exemple dans Noces les "gorgées de lumière", les "cymbales du soleil" et le "sang des geranium".

Cet accord entre l'homme et l'univers, cette appréhension sensuelle du monde, qui affleurent dans toute l'oeuvre de Camus, lui confèrent une poésie toute particulière et teintent parfois d'optimisme un univers par ailleurs désespéré.