La Gloire de mon père - extraits

Extrait n°1

 

« Mon oncle Jules devint très vite mon grand ami. Il me félicitait souvent d'avoir tenu la parole donnée, et d'avoir gardé le secret, au temps des rendez-vous au parc Borély ; il disait à qui voulait l'entendre, que "cet enfant ferait un grand diplomate" ou un "officier de premier ordre" (cette prophétie, qui avait pourtant une alternative, ne s'est pas encore réalisée). Il tenait beaucoup à voir mes bulletins scolaires, et me récompensait (ou me consolait) par des jouets ou des sachets de berlingots.

Cependant, comme je lui conseillais un jour de faire construire une petite maison dans son admirable parc Borély, avec un balcon pour voir les cyclistes, il m'avoua, sur le mode badin, qu'il n'en avait jamais été le propriétaire.

Je fus consterné par la perte instantanée d'un si beau patrimoine, et je regrettai d'avoir si longtemps admiré un imposteur.

De plus, je découvris ce jour-là que les grandes personnes savaient mentir aussi bien que moi, et il me sembla que je n'étais plus en sécurité parmi elles. »